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Mais t’es même pas assise dessus… à quoi ça sert

“Mais t’es même pas assise dessus… à quoi ça sert? ” Combien de fois a t’ont pu entendre ces mots avant que l’éthologie ne devienne populaire? Et même encore aujourd’hui il arrive encore d’entendre ce genre de discourt! « Mais tu le travail au sol et t’es même pas dessus… ça ne sert à rien! » ou encore le fameux « tu le longes et il n’est même pas enrêné, tu ne le travail pas vraiment! » oh et encore une petite« le travail au sol c’est pour les gens qui font des tours de cirque ça ne me servirait à rien ». Puis certain se frustre, d’autres son un peu sous le choc et d’autres ont un petit rire intérieur… Beaucoup argumentent, d’autres se retirent sans dire un mot et je dois dire que j’agis des 2 façons selon qui j’ai devant moi…

Avec certaines personnes avec qui je ressens une certaine ouverture d’esprit, j’essaie de discuter, poliment et avec respect, pour leur expliquer mon point et avec d’autres il ne suffit que d’un seul regard pour comprendre qu’ils ne sont absolument pas ouverts et que la discutions ne mènerait strictement à rien, alors je ne dis rien et je me retire. Le fait est que le travail au sol n’a pas encore une grande réputation partout, je parle ici de travail au sol et pas de longer un cheval enrêné, ce qui est du travail physique, mais pas du tout psychologique. Ces biens-faits sont encore assez mal connus ou assez mal compris et encore bien sous-estimés. Parce que le travail physique peut se voir à l’œil, on voit le travail, on voit les efforts, on voit la sueur et on voit aussi le changement de musculature au bout d’un certain temps, alors que le travail psychologique ne peut pas s’observer avec les sens, on le sait, on comprend la différence de comportement et on sent que c’est différent, mais on ne voit aucun changement physique sur le cheval.

Les fins observateurs, ceux, qui souvent, ont adopté le travail au sol me répondront que c’est faux, qu’on peut voir des changements physiques sur un cheval qui est travaillé au sol : un cheval moins tendu, des yeux plus calmes, des oreilles moins frivoles, des lèvres moins pincées, des allures plus fluides… Mais la plupart des gens ne remarquent pas ces petits changements subtils, ce n’est pas assez évident!

Le travail au sol, parlons-en!!! Il apporte en effet des bienfaits physiques et psychologiques et il est important de savoir à quel point ce travail est important dans le développement d’un cheval! J’exclus du travail au sol le fait de longer un cheval, ce type de travail n’est adéquat que lorsque l’on doit remuscler un cheval après un problème de santé, lorsque l’on a un problème de “fitting” de selle ou lorsque l’on ne peut monter son cheval pour X raisons et qu’on doit le garder musclé… Sinon vous pouvez le travailler vous-même sans avoir recours à de quelconques artifices pour le forcer à s’arrondir, je préfère de loin prendre le temps de lui apprendre moi-même, avec mes simples petites mains qui sauront le guider sans le forcer!

Pour ceux qui me diraient que longer un cheval avant de le monter lui permet de brûler son énergie, je dirais ceci : c’est faux! Vous allez simplement le rendre plus endurant et il vous sera de plus en plus difficile de le « calmer ». Tourner en rond est un travail vide, sans aucun sens! Vous n’avez pas besoin de fatiguer votre cheval avant de le monter (et entre nous s’il est fatigué comment voulez-vous qu’il mette son énergie dans le travail par la suite…) vous avez besoin de le concentrer, de préparer son mental pour le travail qui viens, pour que son cerveau soit prêt à recevoir toutes ces nouvelles informations. Lorsque vous défoulez un cheval avant de le monter, son cerveau est en mode jeu, en mode excitation… vous posez ensuite vos fesses sur votre selle et exigez de lui qu’il ne soit le parfait petit élève calme et concentré, alors que vous venez tout juste de faire montrer son énergie et l’avez mis en mode excitation… Trouvez-vous cela logique?

Si votre cheval a accès à un pré avec des congénères, je ne vois pas pourquoi il aurait besoin de se défouler avant de travailler, il peut très bien le faire par lui-même avec ses copains au pré… Si votre cheval n’a pas accès à un pré tous les jours, alors faite en sorte que ça change, vous ne pouvez exiger de lui qu’il soit parfait et concentré alors qu’il n’a même pas la chance de dépenser son énergie et de jouer tous les jours. Le seul moment où il pourra enfin se dégourdir les pattes ce sera dans vos séances de travail, alors ne vous demandez pas pourquoi il en profite pour s’amuser un peu!

Revenons-en à nos moutons! Les bienfaits du travail au sol sont nombreux, maintenant que je vous ai expliqué pourquoi longer un cheval ne fait pas partie de ce que j’appelle le travail au sol, j’aimerais vous parler de ses nombreux bienfaits. Ce type de travail à comme avantage de pouvoir être commencé très jeune, voire dès la naissance (non, pas besoin de licol ou de longe pour commencer à travailler un poulain au sol, notre simple présence, un petit coup de brosse, quelques objets étranges présentés ici et là constituent du travail pour un poulain), il prépare le jeune cheval au travail en selle tout en douceur en lui apprenant les codes importants dès le plus jeune âge (cela aura pour effet de diminuer de beaucoup son stress face à cette étape importante de sa vie), il permet également d’enseigner de nouvelles choses au cheval en étant au sol, ce qui l’aidera à comprendre plus rapidement une fois en selle, il prépare un cheval joueur et exubérant au travail sans pour autant le contraindre ou le frustrer, il nous permet de travailler avec un vieux cheval qui serait devenu un peu trop vieux pour supporter quelqu’un sur son dos, bref le travail au sol peut suivre un cheval toute sa vie alors que le travail en selle ne sera qu’une partie de sa vie. C’est un complément très important du travail en selle tout au long de la vie du cheval et un outil d’apprentissage formidable.

De plus, il vous permettra de vivre plusieurs moments magiques lorsque votre cheval vous offrira une séance de jeu formidable, où il aura envie d’être avec vous et où vous aurez du plaisir tous les deux, sans pour autant être complètement déconnecté comme lors des séances de défoulements. Il voudra jouer avec vous et vous serrez connecté, son attention sera sur vous et le niveau d’énergie ne sera pas trop explosif, votre cheval sera donc dans le travail, mais dans un travail amusant pour lui aussi.

Lorsque vous travaillez au sol, vous avez aussi la possibilité de voir votre cheval, de voir ses mouvements, ce qui vous permettra de travailler sur la précision de certains mouvements que vous pouvez sentir en selle, mais que vous ne pouvez pas voir.

Il est possible de faire, en travaillant au sol, presque tous les mouvements que vous faites en selle. Vous pourrez également facilement voir son langage corporel, écoutez ce que votre cheval vous dit, cela vous permettra d’ajuster votre travail avec chacun des chevaux que vous allez travailler dans votre vie, car ils sont tous différents et ce qui peut être facile pour certains peut être très difficile pour d’autres. Misez sur les forces de chacun et respectez les limites qu’ils vous donnent, car ces limites ne sont pas fixes, elles changeront au fil de vos progressions, mais il est important de respecter ce que le cheval peut vous donner à cet instant!

 Le travail au sol et le travail en liberté vous aideront en selle bien entendu, mais vous aideront également dans vos manipulations de tous les jours : l’embarquement en remorque, récupérer votre cheval au pré, le pansage, les soins, les balades, le travail de dressage, les sorties en concours… Plus vous travaillerez votre cheval sur différents aspects (et pas juste venir et le monter), plus votre relation évoluera dans le bon sens et plus votre cheval trouvera son humain agréable.

THE horse of a lifetime!

J’ai souvent entendu ce terme dans ma vie : le cheval d’une vie… « the horse of a lifetime », c’est une expression à laquelle je n’adhère pas du tout, et ce, pour plusieurs raisons. Je vais tenter de vous expliquer clairement pourquoi. Ce n’est pas le fait d’avoir un cheval spécial dans sa vie, mais plutôt les barrières que cette expression apporte.

Tout d’abord, j’ai l’impression que les cavaliers ne font pas assez attention au caractère du cheval lors de l’achat. Comme le dit si bien Pat Parelli « pick your partner not your poison » ce qui veut dire : choisissez votre partenaire pas votre poison. Cette expression me tient particulièrement à cœur parce que c’est quelque chose que je vois très souvent. On achète un cheval pour sa beauté, pour ses capacités athlétiques ou encore parce qu’il a beaucoup de dressage… Une chose importante semble pourtant souvent mise de côté… Le tempérament du cheval et sa compatibilité avec le nôtre!

C’est pourtant LA chose la plus importante lors de l’achat d’un cheval et c’est souvent celle qui est mise de côté. Parce que le cheval peut bien être dressé à la perfection et être le meilleur cheval de sport au monde, si votre tempérament et le sien ne s’accordent pas, vous n’arriverez qu’à des frustrations! N’ayant pas la prétention de nous prendre pour Pat Parelli ou encore Frédéric Pignon, nous travaillons mieux avec certains types de caractère et moins bien avec d’autres. Moi-même, je sais parfaitement avec quels types de caractères je travaille moins bien, ces types me posent beaucoup plus de problèmes, car ils me demandent beaucoup plus d’efforts… Pourquoi? Parce qu’ils sont plus loin de ma propre personnalité et me demandent des actions qui sont moins naturelles pour moi et qui me demandent donc plus d’efforts et beaucoup plus de réflexions, je dois donc être attentive, car les réponses me viennent beaucoup moins spontanément.

L’entente n’est pourtant pas impossible, mais elle est moins instantanée, elle demande plus de travail et plus d’efforts… Je le sais, c’est ce qui s’est passé entre Mimi et moi. En plus d’être blasée de l’humain, Mimi avait une personnalité contraire à la mienne… Je l’aimais, je l’ai toujours aimé, mais l’harmonie a été longue à atteindre. Mais en quoi ceci a-t-il rapport avec la fameuse phrase « le cheval d’une vie »? Je crois que parfois les gens qui ne font pas attention au tempérament du cheval tombent par hasard sur un bon « match » de tempérament et tout semble alors naturel et facile, c’est l’entente parfaite… miracle « le cheval d’une vie ».

Ce qui m’amène à mon second point, tenter de recréer le fameux cheval dans un autre. Je crois, en effet, qu’une fois que ce cheval parfait est passé dans la vie de son cavalier, il tente alors de trouver le même cheval dans un autre… Ce qui est impossible, car chaque cheval est différent et chaque cheval demande d’être traité selon sa propre personnalité. On passe donc du cheval parfait à un nouveau cheval avec qui on doit recommencer à neuf et on tente de le travailler exactement comme l’autre… Et puis ça ne marche pas… Et puis le cheval commence à se frustrer… Et puis on commence à se frustrer… Et c’est la débandade! On entre alors dans la zone de conflit, le cheval est frustré d’être si peu comprit et si peu entendu et vous êtes frustré qu’il ne comprenne rien alors que votre cheval parfait comprenait tellement facilement.

Vous oubliez alors la chose la plus importante, ce n’est pas à votre cheval de faire un effort pour vous comprendre, c’est à vous! Comme chaque cheval est différent, chaque cheval à besoin de se faire expliquer les choses de la façon dont il pourra les comprendre. Si en plus vous avez une fois de plus choisi un cheval selon ses attraits et non pas selon sa compatibilité avec vous, il va falloir recommencer à travailler fort pour vous comprendre. C’est à vous de travailler pour trouver la façon dont vous pourrez vous entendre, une fois cela fait, vous pourrez enfin

commencer à progresser ensemble. N’oubliez jamais que chaque cheval a ses besoins et qu’il faut y répondre, c’est notre devoir!


Finalement la dernière raison que j’aimerais évoquer, c’est le fait qu’on se met nous même des barrières : « je ne pourrai jamais retrouver un autre cheval aussi parfait », « c’était un cheval unique, je ne pourrai jamais en retrouver un aussi bien », « quel cheval pourrait maintenant surpasser celui-là ». Si on se ferme déjà avant même de commencer à chercher, alors on est sûr et certain que ça ne pourra pas marcher, parce qu’on n’essayera même pas! On se dira que c’est fini, qu’on ne trouvera jamais mieux et qu’on a qu’à se contenter de cette relation médiocre… On arrête d’essayer! C’est perdu d’avance parce que les œillères sont déjà mises et elles

nous empêchent de découvrir tout ce que ce nouveau compagnon a de spécial à nous offrir, car oui l’ancien cheval était unique… Tout comme le nouveau! Et chacun aura quelque chose de spécial à nous offrir, il suffit de s’ouvrir et de lui laisser l’occasion de nous le démontrer. Bien sûr, on a eu une relation spéciale avec le dada précédent, ce qui ne nous empêche tout de même pas de créer une tout autre relation aussi spéciale avec le nouveau, elle sera différente, puisque ce n’est pas le même cheval, mais elle peut être tout aussi grande et tout aussi belle, elle sera simplement différente. Voilà pourquoi il faut laisser une chance à chaque cheval de nous montrer ce qu’il peut nous apporter de spécial.

Lorsque j’ai eu Mimi, ce n’était pas facile tous les jours, nous étions des personnalités assez contraires, et pourtant… Quelques années plus tard, j’avais une super jument avec qui je pouvais faire à peu près n’importe quoi, je craquais toujours devant sa petite bouille pleine de malice… Ce qu’elle m’a apporté c’est toute sa confiance, son courage et son exubérance (chose que j’ai dû apprendre à apprécier), une fois sur la même longueur d’onde, elle a été une merveilleuse professeure. J’ai compris que c’est elle qui allait m’enseigner et non le contraire! C’était ma première jument et elle sera toujours spéciale pour moi. J’aime pourtant Sonara comme une folle également, elle est tout le contraire de sa mère, ce qui fait qu’elle est beaucoup plus près de ma personnalité! Ça a donc été plus facile de se comprendre et pourtant… Étant deux grandes émotives pas très courageuses, il a bien fallu que j’apprenne à gérer mes émotions avant de pouvoir l’aider à gérer les siennes.

Sonara me donne tout ce qu’elle peut, une fois la confiance acquise, elle se laisse guider, mais a besoin de beaucoup de réconfort. Sensible, délicate et volontaire, voilà ce qu’est ma petite fleur, j’ai dû apprendre (et j’apprends encore et toujours) à contrôler mes émotions et mon énergie. J’ai élevé Nara moi-même, avec l’aide de sa maman Mimi, elle restera toujours mon bébé même si elle a aujourd’hui 9 ans… Elle a, elle aussi, une place toute spéciale dans mon cœur. Chaque cheval a su m’apporter quelque chose, elles m’ont toutes les deux demandé de travailler sur moi-même, même s’il m’a été plus facile de comprendre Sonara. Elles sont toutes les deux spéciales pour moi et je les aime toutes les deux, mais je crois que si Mimi avait été jeune (je l’ai eu à 18 ans, pleine d’expérience de vie) je m’en serais beaucoup moins bien sortie MDR. Sonara et Mimi étaient aux antipodes niveau caractère, je ne pouvais les travailler, ni les traiter de la même façon, j’ai dû apprendre à respecter leur caractère et leurs besoins, car bien que mère et fille, elles étaient uniques!

Peut-être que le cheval de ma vie n’est pas encore entré dans ma vie, me direz-vous, et que c’est pour cette raison que je tiens ce discourt… Mais j’aime Sonara et Mimi (loin des yeux pour toujours, mais toujours près de mon cœur) avec un amour inconditionnel, elles ont toujours été ce que j’avais de plus chère et m’ont apporté (et m’apporte encore) plus que je n’aurais su espérer et j’espère aimer ainsi, de la même façon, tous les chevaux qui entreront dans ma vie.

À la découverte du clicker training

Dans le cadre de mon cours de comportement avec l’université de Guelph, j’ai dû expérimenter le clicker training comme travail de recherche. J’utilise déjà abondamment le clicker dans l’entrainement de mon chien, mais très peu avec ma jument. J’ai toujours préféré utiliser la voie et le mot « ouiiiii » comme renforcement secondaire (on y reviendra plus tard). Bien que cette technique fonctionne très bien aussi, il faut tout de même s’assurer que le mot est toujours utilisé et dit sur la même intonation. Le clicker apporte une précision de plus pour indiquer au cheval le moment précis où il a effectué le bon comportement. Bref, je devais enseigner un tour à mon cheval et détailler mon expérimentation.

Pour ce faire, je devais commencer par trouver un petit tour sympa, qu’elle ne connaissait pas déjà… En lisant dans mes livres, je suis tombée souvent sur “enseigner au cheval à mettre son nez dans un licol”. Ouais, c’est sympa et utile, voilà ce que je vais enseigner. Mentalement j’ai établi un protocole d’étape à suivre avec ma jument, à la vitesse requise pour sa personnalité. Comme c’est une jument nerveuse, j’ai préféré prendre le temps de bien la rendre à l’aise à travers les étapes. Ensuite est venu le moment d’expérimenter la technique et d’observer les résultats. Puis il fallait mettre le tout dans mon papier. Beaucoup plus facile à dire qu’à faire, par chance une amie m’a grandement aidée à établir une façon logique de l’écrire, car le côté rédaction scientifique ne me vient pas encore naturellement! Alors voilà quel était le but de cet essai.

Pour ceux qui ne connaisse pas encore le clicker, c’est un petit outil bien intéressant : une petite boite de plastique munie d’un bouton qu’on enfonce et qui produit toujours le même son. De cette façon, le signal est toujours le même pour le cheval, il ne peut être confondu. Le principe est assez simple, le clicker est un renforcement secondaire, c’est-à-dire que ce n’est pas lui qui renforce le comportement en tant que tel, il est simplement là pour indiquer que le renforcement arrivera d’une minute à l’autre. Le renforcement primaire c’est la récompense utilisée par la suite : carotte, pomme, gratouille, pause, etc. Pourquoi ne pas simplement utiliser le renforcement primaire alors? Parce que la fenêtre dans laquelle le cheval peut associer un comportement avec la récompense est très petite, 0,5 seconde pour être précis. Donc, si la main n’est pas à proximité de la bouche, l’association sera beaucoup plus lente, voire nulle. Le renfoncement secondaire sert donc à agrandir cette fenêtre. Lorsqu’on clique, l’indication que le comportement était le bon est donnée dans les 0,5 seconde requises pour l’assimilation et la récompense arrive tout de suite après. Voilà pourquoi le clicker est un outil bien pratique lors de l’apprentissage.

Il faut aussi savoir que pour qu’un comportement soit acquis ou modifier il faut que le renforcement soit suffisamment motivant pour le cheval. Je m’explique, ne pensez pas qu’un cheval fait les choses pour nous faire plaisir, nous ne sommes pas si incroyables que cela… Si le cheval nous « aime » (on pourrait dire apprécier, on ne sait pas à quelle mesure l’amour existe dans le monde animal), c’est en partie parce qu’on lui sert à quelque chose : on le nourrit, on le soigne, on le sécurise, on en prend grand soin quoi… Mais pour qu’il ait envie de travailler, il faudrait qu’on trouve le meilleur moyen de le motiver, notre seule personne n’est pas vraiment suffisante. Certains motivent par la peur, le cheval obéira par peur de se faire réprimander, certains motivent par le positif (nourriture, pause, gratouille…) le cheval obéira par l’envie d’avoir cette récompense. Le cheval est une récréation et un bonheur pour nous et il faut devenir une récréation et du plaisir pour lui aussi! De cette façon, il aura envie d’apprendre et de travailler avec nous, car il en tirera quelque chose lui aussi. La motivation doit être extra payante, surtout si vous souhaitez changer un « mauvais » comportement. Jacinthe Bouchard dit que si le comportement à une grande valeur pour l’animal, la récompense qu’on offrira pour le comportement de remplacement devra être encore plus payante pour lui… Logique, mais on n’y pense pas toujours!

Des études ont démontré que le cheval apprend mieux lorsqu’il est travaillé avec du renforcement positif. Pourquoi? Parce qu’un cheval qui est travaillé dans la peur et la punition n’essayera pas de trouver la réponse de peur de donner la mauvaise et d’être puni. Un cheval travaillé de façon plus positive essayera d’ambler de trouver la réponse et du même fait, d’atteindre la récompense qu’il aura pour la bonne réponse. Je ne dis pas ici qu’il ne faut pas utiliser de renforcement négatif, au contraire, bien que le nom indique “négatif”, ce n’est pas une mauvaise chose. Le renforcement négatif signifie seulement qu’on retire quelque chose lorsque le bon comportement voulu est offert (on retire souvent un stimulus désagréable sans pour autant être nocif pour le cheval), le renforcement positif quant à lui signifie qu’on ajoute quelque chose lorsque le cheval donne la bonne réponse (récompense, pause, gratouille…). Le renforcement positif ne peut être effectué pour absolument tout, parfois on a besoin d’un peu de négatif aussi et on peut les mélanger! Par exemple, on conduit le cheval en selle avec le renforcement négatif, sinon comment lui indiquer qu’on veut qu’il aille à gauche ou qu’il désengage ses postérieurs, une petite pression suffit, mais c’est une pression et c’est un renforcement négatif, mais lorsque le cheval fait bien on peut récompenser ensuite… Et donc mixer les deux types de renforcement. Ce qui aura pour effet d’avoir un cheval de plus en plus sensible et de plus en plus motivé! Le dosage voila ce qui fait le bon travail, le juste équilibre entre positif et négatif!

Avec tout cela en tête, tous ces principes, j’ai essayé la technique avec ma jument. Mes 4 étapes étaient les suivantes :

1-Comprendre que le licol est l’objet clé

Au début, le cheval n’a aucune idée de ce qu’on attend de lui et donc pour lui faire comprendre que tout était à propos du licol, dès que ma jument passait sa tête près du licol je cliquais. Elle a vite compris que c’était le licol qui apportait les récompenses

2- Toucher le licol Pour consolider le fait que le licol est la clé, je ne récompensais que lorsqu’elle touchait au licol. J’ai souvent utilisé cette technique et donc ma jument à rapidement compris.

3- Passer son nez dans les montants Le nez d’un cheval est un outil précieux… Il ne le met donc pas n’importe où. Pour passer de façon progressive entre toucher le licol et mettre son nez entièrement dans la muserolle, j’ai préféré ajouter cette étape.

4- Mettre le nez dans la muserolle Pour cette option j’allais lui laisser la chance d’explorer vers la muserolle, mais si elle mettait trop de temps à comprendre le but, j’allais simplement placer un bout de carotte sous la muserolle et lui donner lorsqu’elle passerait son nez dedans!

L’expérimentation a bien fonctionné et nous avons eu des séances de 5 minutes sans plus! C’était assez rapide et les progrès étaient assez faciles à voir, ce qui était plutôt encourageant. J’ai dû utiliser la carotte pour attirer son nez dans la muserolle et j’ai fait l’erreur de ne pas répéter cette étape. Pour toutes les autres étapes, j’ai attendu qu’elle le fasse plusieurs fois et que je sente que l’étape soit bien acquise avant de passer à autre chose, mais pas pour la dernière. Je lui faisais passer le nez, puis je terminais là-dessus… alors cette étape était plus longue à acquérir. Maintenant, je la répète plus d’une fois pour une meilleure assimilation! Le travail est toujours en cours, j’aimerais arriver au point où je présente le licol et elle y met son nez direct, mais ça demande du temps et on continue de le travailler!

Ce que j’ai bien aimé avec cet essai c’est la progression qui me donnait l’impression d’être sous forme de jeu. Je lui présentais la « question » et j’attendais qu’elle trouve la réponse. De cette façon, j’ai senti que ma jument avait le choix et qu’elle pouvait donc s’impliquer beaucoup plus dans le processus d’apprentissage, que je lui laissais de la latitude sur la vitesse d’apprentissage surtout. Comme elle est nerveuse, je ne dois pas sauter d’étape, en étant impliquée dans cette séance, elle pouvait clairement indiquer lorsqu’elle était plus à l’aise. J’ai aussi trouvé que ma jument était plus impliquée, je la voyais se questionner et réfléchir… Les chevaux apprennent à apprendre et cette technique leur permet de le faire. On leur demande de réfléchir et donc d’apprendre à résoudre des problèmes. J’ai aimé que ma jument soit plus détendue et qu’elle essaie vraiment, avec une expression positive, de comprendre la question, car la motivation était intéressante et elle voulait vraiment avoir cette carotte hihi! Bien entendu, je me demande comment je pourrais utiliser cet outil efficacement en selle! Car pour l’apprentissage de mouvement précis, il serait en effet très utile, mais entre tenir les rênes, être concentré sur les aides, tenir le clicker dans ses mains et surtout cliquer au bon moment va demander beaucoup d’apprentissages, je vais donc continuer mes essais pour voir ce que ça donnera en selle! Pour le moment, j’ai recommencé à utiliser ma voix beaucoup plus en selle, mais j’ai envie d’essayer le clicker, car je trouve ça très intéressant. Bien entendu, je sais que le renforcement négatif doit aussi être utilisé et je ne le dédaigne pas du tout, car c’est aussi un formidable outil. Je crois que les deux types de renforcement se complètent à merveille et qu’il serait utile de les intégrer tous les deux à nos séances de travail. Tout est une question d’équilibre!

Le timing, évitez de vous dérégler!

Le timing est très probablement l’outil le PLUS important de toute votre boite à outils. Pourquoi? Parce que sans le timing, c’est le conflit assuré. C’est d’ailleurs la cause de nombreux problèmes et conflits avec les équidés. La principale façon dont apprennent les chevaux c’est par le conditionnement opérant (le cheval nous offre un comportement désiré, il est récompensé) et par le conditionnement classique (associer une réponse connue à une réponse inconnue pour avoir le comportement désiré), dans les deux cas c’est par conditionnement que le cheval apprend. Un lien de cause à effet simple, on impose une pression et s’il se déplace, cette pression s’en va, donc pour être récompensé, il doit se déplacer. Et si la pression se retirait trop tard? Et si la pression se retirait trop tôt? Et si elle ne se retirait jamais? N’oublions pas qu’un cheval fait un lien entre un comportement et une récompense lorsqu’elles sont séparées de 0,5 seconde ou moins… Ce qui veut dire qu’un manque de timing pourrait rendre le cheval confus ou frustré, car il ne comprendrait pas du tout ce qu’on attendait de lui! S’il est incapable de reconnaître la demande, car le retrait du stimulus n’est pas fait au bon moment, il ne saura pas comment y répondre.

Un mauvais timing peut récompenser un mauvais comportement si le stimulus se retire trop tôt. C’est souvent ce qui arrive lorsqu’un comportement non désirable apparaît chez le cheval : mordiller pour avoir des friandises, donner des coups de tête pour avoir de l’attention, mettre les oreilles en arrière pour avoir sa moulée plus rapidement, se frotter la tête sur son maître afin qu’il la lui gratte, etc. Au lieu d’attendre que le comportement cesse, le cavalier va céder et répondre aux désirs du cheval. Si ces comportements sont encouragés de cette façon, ils resteront et se développeront. Le mauvais comportement est alors récompensé, s’installera et deviendra encore pire avec le temps, car le cheval sait qu’il est possible d’avoir ce qu’il désire avec un peu d’insistance. Plus ce comportement sera installé depuis longtemps, plus il faudra de la patience pour le faire partir. Comme le cheval sait que son bipède finit toujours par lui céder, il sera très insistant, mais la fermeté sera la clef. Un non restera un non et le comportement finira par atteindre l’extinction (procédé par lequel un comportement qui n’est plus jamais récompensé finira par s’arrêter… Bon ou mauvais!).

Un mauvais timing peut aussi créer des comportements indésirables si le stimulus se retire trop tard! C’est aussi un cas classique qui mène un cheval à la confusion et la frustration. Par exemple : on demande au cheval d’arrêter en tirant sur nos 2 rênes, le cheval stoppe et on garde la pression… Le cheval ne comprend pas pourquoi la pression est encore là, il doit avoir donné une mauvaise réponse, il continue de chercher la bonne réponse, il recule, il reçoit quelques coups de cravache ou de talon, il se cabre légèrement, le cavalier est surpris, il relâche la tension des rênes… Le cheval a trouvé la réponse désirée, même si ce n’était pas la bonne, c’est celle qui lui a permis de mettre fin à la pression. Le cavalier ne comprend pas du tout pourquoi son cheval a fait ça et il perd un peu confiance, il tiendra son cheval encore plus serré la prochaine fois. Le cheval, lui, a enregistré cette réponse dans son répertoire et la donnera de plus en plus rapidement lorsque le cavalier fera la même séquence de comportements, il est même possible qu’à un moment le cheval n’attende plus la séquence complète avant de donner cette réponse. Encore une fois, plus le temps passera, plus la réponse s’encrera et plus il faudra de temps pour l’amener à l’extinction.

La seule motivation du cheval, c’est lorsqu’il obtient le retrait de la pression ou un ajout gratifiant (une pause, gâterie, des grattouilles au garrot… quelque chose de payant pour lui), c’est tout! C’est ce qui motivera un cheval tout au long de sa vie! Il ne fera pas les choses pour vous faire « plaisir » ou pour être « gentil », et ne fera pas non plus de bêtises simplement pour être « méchant » envers vous ou pour se « venger » de quelque chose que vous auriez fait, c’est un animal, un animal merveilleux, qu’on adore tous, mais c’est un animal et sa pensée n’est pas aussi complexe que la nôtre dans le résonnement. Il faut donc savoir ce qui motive le cheval et faire très attention de récompenser au bon moment afin d’éviter tout conflit ou confusion chez lui. Plus nous serons précis, plus il apprendra vite! Cette précision dans le timing demande du temps et de l’apprentissage de notre part, il n’est pas toujours évident de relâcher au bon moment, ou de relâcher au bon moment sans reprendre tout de suite. Car ça aussi c’est un défi, surtout avec les chevaux énergiques, c’est déjà difficile de relâcher la pression et encore plus de ne pas la reprendre, par peur de perdre le contrôle… Et pourtant… Véronique de Saint-Vaulry en parle d’ailleurs souvent dans ses livres, plus on tient un cheval énergique, plus il sera agité. Notre bon sens nous indique de le tenir, mais ça ne fait qu’empirer les choses. Parfois, il faut avoir confiance, souvent même, on en reste souvent surpris!

Le timing il y a moyen de le travailler, de le rendre plus précis, de le développer. Cela peut être avec des simples exercices au sol entre bipèdes, on se fait des séances entre copains où l’un joue l’animal et où l’on fait subir toute sorte de bêtise à l’autre afin qu’il ait des simulations convaincantes avec lesquelles travailler. Pour avoir un bon timing il faut aussi développer son sens de l’observation. Pour une progression efficace, il faut récompenser la plus petite des bonnes réponses au bon moment! Parce que si on prend de trop grosse bouchée du premier coup, on va perdre la motivation du cheval. C’est avec un bon sens de l’observation qu’on pourra détecter le plus petit pas dans la bonne direction! C’est aussi avec cela qu’on peut éviter bien des accidents, un cheval en apprentissage peut commencer par vouloir éviter la pression et se défendre, il faut surveiller les signes et agir avec la plus grande sécurité, même avec un cheval que l’on connait bien, car il reste un animal avec des instincts de survie qui peuvent prendre le dessus à tout instant! La prudence est votre meilleur allié pour continuer d’être auprès des chevaux encore longtemps.

Voilà pourquoi le timing est le plus précieux de mes outils (avec la patience en fait)! Sans lui la progression ne se ferait peut-être pas aussi rapidement ou encore pire, pas dans la bonne direction hihi! 

Renforcement et punition démystifions ces termes

Les termes punitions et renforcement sont souvent utilisés, mais sont très peu compris. Il règne une grande confusion sur la signification et l’usage de ces termes. Nous retrouvons les quatre termes suivants : renforcement positif, renforcement négatif, punition positive et punition négative! Les termes positifs et négatifs se voient souvent attribuer une connotation, les gens pensent que ces termes sont utilisés pour en décrire le sens moral. Et donc que cela voudrait dire que l’action est positive ou négative (bien ou mal). Négatif… ça sonne mauvais n’est-ce pas? Si vous pensez ainsi, vous êtes dans l’erreur! Ces termes ont été appliqués dans une simple intention mathématique. En terme positif +(on ajoute quelque chose) et négatif – (on soustrait quelque chose)… et non pas dans la notion de bien ou de mal, de mauvais ou de bon.

Renforcement

Commençons par parler du renforcement, car c’est ce terme qu’on entend le plus souvent parler de nos jours. Le renforcement est utilisé pour rendre un comportement plus probable, c’est-à-dire que lorsque nous utilisons le renforcement, nous voulons renforcer un comportement et faire en sorte que le cheval l’adopte. Tout le monde se vante bien de travailler avec le renforcement positif, mais très peu parlent du renforcement négatif. Même si quelqu’un affirme ne travailler que dans le « positif », elle ne peut éviter le renforcement négatif, c’est impossible. Vous allez comprendre pourquoi sous peu!

Renforcement positif : Ce type de renforcement signifie qu’on ajoute quelque chose au cheval pour renforcer son comportement (positif = addition). Dans la plupart des cas, les cavaliers font ce type de renforcement en ajoutant une récompense comme une gâterie, une bonne gratouille, une pause pour brouter, etc. tout dépendant de ce qui motive le plus leur cheval. Le clicker training, par exemple, est une méthode qui utilise le renforcement positif (voir notre article sur le R+). On ajoute donc quelque chose d’agréable afin de motiver un peu plus le cheval à adopter ce comportement en mode « tu voies quand tu fais ceci, c’est payant pour toi ».

Renforcement négatif : Ce type de renforcement signifie qu’on retire quelque chose au cheval (négatif = soustraction). La plupart du temps, c’est la pression qu’on retire. La pression n’a pas besoin d’être grande pour être considéré comme un renforcement! Pour certains chevaux, un simple regard à un endroit stratégique ou encore le simple poids de notre corps peuvent être considérés comme des pressions. Ce n’est donc pas une question d’être « méchant » ou d’utiliser la punition…  Les gens confondent souvent renforcement négatif et punition, les punitions ont leur catégorie bien à elles! Même dans une équitation de légèreté, il n’est pas possible de ne jamais utiliser le renforcement négatif. C’est une simple question mathématique, on renforce le comportement en retirant une pression au bon moment. En mode « Tu vois? Lorsque tu te déplaces, je retire mon doigt » ou encore « Quand tu arrêtes, je relâche les rênes et tu es tranquille ».

J’aime utiliser les deux types de renforcement, je crois que c’est la meilleure façon de réussir! Si on reste dans la mathématique +1-1=0, si les deux types sont utilisés de façon égale, nous atteignons l’équilibre! Comme avec une balance à plateau, si chacun des plateaux contient le même poids, la balance est en équilibre.

Traduction et reproduction libre de la figure 4.10 de la page 94 du livre Equine Behavior

A guide for veterinarians and equine scientists, second edition, Paul McGreevy.

Punition

Lorsque nous parlons de punition, on pense tout de suite négatif et « méchant ». Pourtant, elle peut être utilisée d’une bonne façon qui ne porte pas atteinte au cheval et qui peut s’avérer utile, à l’occasion, pour changer des comportements dangereux par exemple. La punition est en effet utile lorsque notre but est de voir un comportement disparaitre. Bien que nous voyons la punition comme un terme négatif, voire agressif, ce n’est pas toujours le cas. Elle peut être utilisée avec délicatesse, dans une situation donnée. Dans le cas contraire, abuser de la punition peut être très néfaste et il faut savoir quand et comment l’utiliser. Mal utilisé, elle peut faire des dommages profonds chez un cheval.

Punition positive : la punition positive est une réponse à un comportement non désiré, nous ajoutons quelque chose en réponse à une action du cheval. Cette fois contrairement au renforcement, ce n’est pas une récompense, mais l’augmentation d’une pression ou une contrainte par exemple. Cela peut être l’ajout d’un stimulus désagréable sur la manche d’un blouson afin qu’un cheval qui tente de mordre rencontre cet inconfort et soit moins tenter de recommencer par la suite. Certains documents ayant pour but de corriger les problèmes de comportement chez les étalons reproducteurs utilisent parfois la punition. Lorsque l’étalon anticipe trop ce qui vient et qu’il commence à s’exciter bien avant d’entrer dans la zone d’accouplement, il peut démontrer des comportements dangereux. Une pression sèche sur le nez à l’aide de la chaine de la longe ou une petite tape sèche sur l’épaule à l’aide d’une cravache peut être appliquée afin de rendre ces comportements moins attractifs pour l’étalon. On parle d’UNE seule correction et non pas de plusieurs… Il est important de savoir faire la différence et de garder des émotions neutres, l’agressivité n’est pas la bienvenue.

Punition négative : La punition négative comme son nom l’indique doit retirer quelque chose au cheval. C’est un type de punition peu utilisé, car retirer un privilège chez un cheval ne marche pas toujours comme avec un enfant hihi! Par contre, elle peut être efficace chez un cheval agressif avec la nourriture, dès que le cheval démontre un signe d’agression, on retire la nourriture, dès qu’il est calme, la nourriture lui est retournée. Lorsque l’on gratte un cheval et qu’il commence à pousser contre nous pour se gratter davantage, on arrête de le gratter et on se retire. Cette punition n’est donc pas méchante, c’est une simple question de retirer un avantage au cheval lorsqu’il démontre un comportement qui n’est pas désiré! Tout simplement. Il peut alors faire le lien entre le retrait de la sensation agréable chaque fois qu’il démontre tel ou tel comportement.

Il faut toutefois être très prudent lorsqu’on utilise la punition. Un cheval qui aurait été punie trop souvent et pour tout et n’importe quoi sera un cheval qui n’essayera plus. Je m’explique : par peur de se faire punir, il ne tentera plus de trouver les réponses à nos demandes par essai et erreur. Comme il sait que s’il fait une erreur, il sera puni, il n’essayera plus. Un excès de punition peut donc nuire à l’apprentissage d’un cheval, le rendre nerveux, confus et inquiet. La punition n’est pas forcément un acte à condamner, mais elle doit être utilisée avec délicatesse, occasionnellement, et lorsque la situation le demande! Il faut également s’assurer que la punition est associée au comportement que l’on souhaite voir disparaitre, car il pourrait créer de belle surprise. Punir un cheval pour avoir fait tomber une barre en saut d’obstacle ne sera pas associé à la faute, mais sera associé à l’obstacle en général… Cela créera plus de tort que de bien. La punition peut également exacerber le comportement que l’on souhaite voir disparaitre, en cas de peur notamment. Punir un cheval qui se cabre parce qu’il a peur, lui fera encore plus peur et risque de faire empirer la situation.  Il faut donc être prudent et ne l’utiliser que lorsqu’elle est réellement requise. Tout est une question d’équilibre et de délicatesse.

Voilà qui, je l’espère, a pu clarifier un peu ces termes souvent rencontré, mais très peu compris! 

Source: McGreevy, Paul, Equine behavior, A guide for veterinarians and equine scientists, second edition, saunders elsivier

Poser le pied sur la limite…

Cette notion est un art important de l’équitation, l’art du dosage et du tact mit ensemble. L’art de mettre un pied sur la limite de notre compagnon, le pousser juste assez pour lui permettre de se dépasser sans toutefois dépasser cette limite et mettre en péril sa confiance. Cette notion il a fallut que je la travaille avec Sonara, j’ai dépassé ses limites quelques fois, puis je ne les ai pas assez poussés, pour finir par arriver à trouver où se trouve sa limite et à la repousser petit à petit. Pourquoi? Parce que ma petite Sonara, toute timide et délicate qu’elle est, ne dépassera pas ses limites par elle-même, n’ira pas plus loin et restera dans ses peurs et ses craintes si je ne les travails pas… Si je veux que ma jument prenne confiance en moi et surtout en elle-même, je dois la pousser un peu et lui montrer que même si la chose parait effrayante, il ne lui arrivera rien.

Tout en gardant à l’esprit qu’elle peut se retirer si la chose en question devient trop intense pour elle. Ce n’est pas la laisser gagner, c’est simplement lui faire comprendre qu’elle ne sera pas forcée, mais accompagnée dans le processus. Lui montrer que je ne lâcherai pas l’affaire sans pour autant la forcer à le faire, elle pourra reculer pour mieux avancer. Lui laisser une pause, même si cette pause vient après un NON, pour laisser retomber les émotions et repartir sur une meilleure base, avec une approche plus lente. De toute façon, un cheval qui travail dans le stress et la peur n’apprendra rien, mieux vaut prendre une pause, laisser son cheval se calmer et repartir dans un meilleur état d’esprit.  Et donc voilà pourquoi ce n’est pas le laisser gagner (je déteste ce terme d’ailleurs, on ne s’en va pas en guerre que je sache), c’est simplement le préparer pour le succès! Ne jamais envoyer son cheval mal préparé, c’est l’envoyer droit vers l’échec… Rien de pire pour miner sa confiance.

Cette notion c’est apprendre à danser au dessus de la limite, de pousser juste assez pour que son cheval puisse apprendre à se dépasser, à gérer ses émotions et à vaincre ses peurs, sans pourtant être englouti dans ces émotions et ces peurs. Parce que pousser la limite trop loin et trop rapidement peut mener à ce qu’on appel du « flooding », en inondant un cheval dans un stimulus jusqu’à ce que ce dernier ne réagisse plus… En fait, avec cette méthode,  soit il ne réagit plus, ce qu’on appel « learned helplessness », soit l’impuissance apprise, soit il est traumatisé… Ni l’un, ni l’autre n’est une expérience saine. Dans l’un le cheval ne bouge plus, il fige, mais n’est pas calme et n’a pas moins peur, il a simplement appris que pour que tout ce cirque s’arrête, il ne doit pas bouger et attendre sagement qu’on lui retire l’objet.

Il reste pourtant tendu et on peut voir à son langage corporel qu’il est inquiet. Dans l’autre, on termine avec des séquelles extrêmement difficiles à éliminer par la suite. Des traumatismes profonds reliés à l’objet de la désensibilisation, entraînant des réactions violentes voire dangereuses… Le contraire de l’effet recherché. Pousser la limite trop rapidement est aussi souvent la cause de bien des accidents… On a voulu aller trop vite et le cheval a décidé de nous rappeler les bonnes manières. Ou il a simplement eu si peur qu’il a ressentit le besoin de « sauver sa vie » et donc voilà que notre dada nous bouscule si fort qu’on se blesse. Beaucoup d’accidents sont le résultat de mauvaises communications et de limites poussés trop rapidement. Et si, au contraire, on ne pousse jamais la limite, on stagne, on ne stimule plus le cheval, on ne l’aide pas non plus à apprendre à gérer ses émotions et à faire face à ce qui l’entoure. 

Comme toujours, la réponse se trouve au milieu… la réponse se trouve toujours au milieu. Aller dans les extrêmes n’est jamais une bonne chose car on entre dans le dogmatisme… On se ferme, on s’enferme, on ne peut plus (ou on ne veut plus) évoluer. Il faut donc trouver le juste milieu et ce juste milieu sera en constante évolution, c’est ce qui est bien avec les chevaux, les choses ne sont jamais fixes, tout est toujours en mouvement.

La limite peut être de 2 foulées de galop un jour et de 6 le lendemain! Désenchaîner un seul saut un jour et puis de pouvoir en faire 3 de suite la semaine suivante. Dès qu’on trouve la limite, le but est de la faire changer, de la faire progresser, petit à petit. Et un jour peut-être, lorsque notre dada se fera vieux, il faudra apprendre à la faire reculer, petit à petit, alors que son corps ne pourra plus en offrir autant, il faudra faire le processus inverse et respecter ses limites changeantes et restreintes. C’est ce qui est beau dans notre histoire avec les chevaux, les limites ne sont jamais vraiment établies, elles se dictent jours après jours, elles s’écrivent pages par pages. Chaque jour peut nous réserver une nouvelle surprise, un petit moment magique lorsque ces limites explosent d’un seul coup et que l’instant d’une seconde, plus rien n’existe entre le cheval et nous, on se comprend, on se fait confiance… Et cela, on ne peut l’atteindre qu’en respectant toutes les limites que nous impose notre cheval et que lorsqu’il respecte toutes les notre, car c’est là la base de toute relation. 

Le rapport dominé/dominant, et si l’on avait tout faux? (partie 2)

Pensez-y-bien, les chevaux « dominants » ne sont pas là que pour pousser tous les autres, dans la nature les chevaux qui sont les plus hauts placés dans le rang social seront les premiers à aller boire, mais les premiers à se faire attaquer s’il y a quelque chose dans l’eau. Ce sont ceux qui portent le plus gros poids sur leur épaule. Ce sont les éclaireurs du groupe, ceux qui se mettent en danger le plus souvent, c’est donc un rang qui est un peu plus stressant que les autres! Ce rang social est très important pour l’organisation du groupe, par exemple lorsque le troupeau est menacé on peut également l’observer tous les jours lors des déplacements pour se nourrir, lorsque les leaders partent se nourrir, il n’est pas rare que tous les autres le suivent. Pourtant il ne les poursuit pas tête baissée pour les pousser… Ce sont eux qui choisissent de le suivre.

Ce sont souvent les plus haut placés qui défendront le groupe, permettant aux autres de s’échapper.  C’est aussi eux qui s’assureront que les poulains ne sortent pas du groupe ou qu’un cheval ne tente pas, par curiosité, d’aller voir un nouveau venu. C’est quelque chose que j’ai déjà observé, lors de l’introduction d’un nouveau cheval dans le groupe de chevaux de mon écurie. La jument dominante allait chercher les chevaux pour les garder derrière elle dès que l’un d’eux tentait d’aller voir le nouvel arrivé et elle poussait ce dernier afin qu’il ne s’approche pas des siens. Ce n’est donc pas qu’une question d’être le premier… Le rang que les chevaux possèdent n’est pas nécessairement une question de rapport de force et de dominance, c’est bien plus complexe que cela, sinon comment expliquer que la nouvelle arrivée de notre écurie, Molly, est une petite vieille qui a réussi a passer au top ranking alors qu’elle est vieille et arthrosé… On n’a jamais vu un cheval lui envoyer des coups… Et pourtant, la voilà au top, respecté par tous, alors que la moitié des chevaux sont bien plus forts qu’elle.

N’oublions pas que le rang social chez les chevaux n’est toujours pas qu’une question de qui a la priorité ou qui « décide » comme certains le pense. C’est aussi qui mange ensemble, qui gratouille qui, qui tolère qui… C’est aussi ce qui forge des relations d’amitié entre chevaux, généralement il se forme des « bandes » selon le niveau qu’ils ont dans le groupe social, mais parfois entre des chevaux plus hauts placés et des moins hauts placés, c’est plus rare, mais ça arrive.

Même si Sonara passait beaucoup de temps avec les autres hauts placés, Lock était son exception.

 Le rang social est plus souvent décrit comme un triangle social qu’une pyramide en bonne et due forme. Ce rang ne devient une question de qui mange en premier que  lorsque les ressources deviennent limitées, sinon il est rare de voir de la chamaille à ce sujet. Même chez les chevaux qui ont un lien social fort, « pair-bond » en anglais, le respect de l’espace personnel de l’autre est souvent ce qui peut créer de petites altercations. C’est le problème avec le lien humain-cheval, le cavalier souhaite le respect de son espace, mais n’offre pas ce respect de l’espace de son cheval! Il l’oblige souvent à tolérer toute sorte de choses alors qu’en réalité « entre chevaux » l’autre a le droit de répliquer ou de partir. Ce qui n’est souvent pas offert par le bipède dans le travail avec les équidés. Voilà pourquoi Pat Parelli dit toujours «  when you remove the halter and the lead, what’s left is the truth », traduction : lorsqu’on enlève le licol et la longe, ce qui reste c’est la vérité. Si votre cheval se barre… vous savez maintenant ce qu’il en pense.

C’est amusant (ironiquement parlant) de voir à quel point les cavaliers se servent du fait que les chevaux se tapent ou se mordent (à l’occasion) pour communiquer afin de justifier le fait de brutaliser et bousculer leurs chevaux, pour des petites choses complètement ridicules, mais lorsqu’on parle de respect de l’espace du cheval, de communication plus naturelle (plus équine) et de laisser s’exprimer un cheval (lui laisser la chance de communiquer ses états d’âme) tout à coup on les perd. Il faut tout de suite arrêter de justifier des gestes violents injustifiés envers les chevaux sous prétexte qu’ils le font entre eux (parce que déjà il y a des étapes avant de taper et ensuite une raison, ce que beaucoup de gens ne comprennent pas) et commencer à essayer de devenir un leader. Pas celui qui a accès à tout en premier et qui est le seul à pouvoir s’exprimer, non un vrai leader équin… Celui qui sera le premier à se mettre en danger, qui sera celui qui va affronter le danger pour laisser les autres s’échapper, qui ouvrira la voie, qui sera sécurisant, qui ne fera aucun acte sans raison valable et qui agira en conséquence de la gravité de l’acte seulement, pas de façon démesurée. Comme je le dis souvent, une question de dosage et d’équilibre, trouver le bon équilibre entre ne pas se laisser marcher dessus et laisser au cheval le droit d’avoir son mot à dire.

Référence : McGreevy, Paul, Equine Behavior a guide for veterinarians and equine scientists, second edition, 2012, Saunders Elsevier.

Le rapport dominé/dominant, et si l’on avait tout faux? (partie 1)

Voilà une expression qui est bien trop utilisée dans le monde des chevaux, le rapport dominé/dominant entre chevaux, un prétexte bien trop utilisé par les cavaliers… « Il faut lui montrer qui est le boss ». Ce rapport de force que l’homme impose au cheval, un animal pourtant bien plus fort et grand que lui, ne lui laissant aucun droit d’expression ou de discussion. Voilà le problème, on veut être le boss et non pas le leader! Un leader s’engage comme les « dirigés » dans le processus! Il travaille en équipe, demande l’avis des autres et les écoutes, parfois il concède, parfois non. Mais l’autre a le droit d’exprimer son opinion sans se faire réprimander comme le ferait un « boss ». Le « boss » dicte les règles, dicte ce que le subordonné doit faire, n’écoute personne, regarde les autres faire le travail et s’attend à ce qu’on lui obéisse à la lettre.

Et puis voilà, quand on dit que le rapport dominant/dominé n’est pas si exceptionnel et indispensable que ça, on se fait dire que c’est comme ça que ça marche entre chevaux. Oui… Mais non, pas exactement… Plus les recherches avancent, plus on se rend compte que c’est bien plus que cela. La hiérarchie entre chevaux n’est pas coulée dans le béton, j’ai personnellement vu des chevaux plus bas dans la hiérarchie se retrouver tout en haut lors de l’introduction d’un nouveau cheval, profitant de ce petit chamboulement pour changer de position. Ou encore des juments qui se collent à tous les mâles de la place lorsqu’elles sont en chaleurs alors que normalement, elles ne les tolèrent pas du tout. Et même lorsque le rang est bien connu, il est quand même difficile de prévoir les réactions et interactions entre les chevaux, même pour des éthologues chevronnés. 

Il faut également prendre en considération qu’il n’y a pas qu’un seul « dominant » dans les hardes sauvages, l’étalon joue son rôle (protection principalement) et certaines juments en joue un autre(diriger les activités du harem). Plus les études avancent sur l’éthologie équine, plus on se rend compte que la hiérarchie n’est pas un rapport « dominant/dominé » autant qu’on le croyait à la base, on préfère même parler d’ordre social. Les gens se servent souvent de cette excuse pour bousculer, forcer, voire brutaliser les chevaux. Bien entendu, il arrive que les chevaux se tapent entre eux, cependant, cela arrive après une série d’avertissements ou lorsqu’un cheval en bouscule un autre par exemple… Pas parce que le cheval n’a pas voulu tourner à droite lorsqu’on lui a demandé! Il y a une différence pour le cheval entre: « respecte mon espace » et « tu ne veux pas sauter cet obstacle, tu mérites une correction, car c’est moi qui mène ». En général, lorsque les chevaux finissent par taper ou mordent, ils ne le font qu’une fois… Par 3 ou 4 (il arrive, très rarement, d’assister à des altercations plus intenses et violentes, mais elles sont très rares). Cette agression est en général de forte intensité, mais de très courte durée. « De très courte durée », beaucoup ont du mal avec cet aspect…

L’ordre social entre les chevaux sert principalement à éviter la bagarre, tout le monde à son rang et le respecte en général, cela évite la chamaille et c’est souvent lorsqu’un nouveau venu tente de changer son rang que la bagarre éclate. Il est assez rare que les chevaux en arrivent aux coups… Bien souvent, on assiste plus à des « menaces de » ou de légères morsures. 

Les chevaux savent où vont leurs pattes et savent lorsqu’ils peuvent toucher ou pas.

Dans tous les cas, ce n’est jamais parce qu’un cheval n’a pas voulu faire un joli déplacement latéral ou se déplacer à droite plutôt qu’à gauche, qu’un autre le mord… Il faut arrêter de se servir de cette excuse pour recourir à la violence. Bien entendu, un manque sévère de respect, voire un acte dangereux, peut justifier une défense de notre part, il ne faut pas non plus les laisser nous piler dessus ou nous morde. Mais personnellement, je ne crois pas qu’un baril ou une pole tombé mérite un coup de mord dans les dents ou un coup d’éperon dans les côtes. Si nous devons en arriver à toucher le cheval de façon un peu plus sèche (je n’aime pas dire coup, connotation trop agressive et souvent ponctuée de plusieurs coups et non pas d’une seule petite tape sèche), il sera important que cet acte soit justifié et équilibré selon la réponse que nous a offerte le cheval. Parce que oui, parfois, il faut en venir à une phase 4 un peu plus convaincante si un cheval ignore totalement les demandes précédentes (il faut éviter de le désensibiliser), pour le réveiller un peu en mode « hey! Ho! Je suis encore là! ». Mais la phase 4 vient au bout d’une série de demandes où l’on a laissé le temps au cheval de réfléchir et où on lui a donné une chance de trouver la solution. Mais certain « dorment au gaz » comme on dit par chez moi, il faut les réveiller un petit peu et hop on retourne dans la légèreté et dans les phases plus délicates. Comme je l’ai déjà dit avant… Une question de dosage et d’équilibre.

Observation comportementale – budget de temps alimentaire

Observation comportementale

Cheval: Sonara                Race: Canadien X QH             Âge : 10

Mode de vie : au moment de cette observation (le mode de vie change selon les saisons et la température), la jument vit sur un pré d’herbe 24/7 (herbe et eau à volonté) avec 9 autres chevaux de tous âges (poulain, adulte, vieux), race, sexe (pas d’étalon ou de jument pleine). Les chevaux rentrent le soir pour avoir leurs grains et retournent dehors. Ils passeront la nuit à l’intérieur que s’il y a de la pluie forte et très froide.

Éthogramme de repas

Les feuilles d’observations sont en bas de page.

J’ai traduit certaines sections et changé certains titres pour ajouter des comportements observés qui n’étaient pas initialement sur la fiche.

Sonara a été calme tout au long de l’expérimentation. Par contre, ses mouvements d’oreilles pourraient suggérer un peu d’anxiété. Cela pourrait ne pas être relié à la prise de nourriture, mais au fait que son box est juste à côté de la porte et qu’elle regardait souvent dehors (la porte reste ouverte). Ses mouvements fréquents d’oreille pourraient venir du fait qu’elle reste attentive à ce qui se passe à l’extérieur. Il n’y a pas de gros changement dans son comportement durant les étapes : avant, pendant et après la prise de nourriture. Il y a pourtant quelques légers changements:

Avant: elle me regardait plus souvent, sachant que la nourriture était avec moi, attendant patiemment que je lui apporte sa nourriture.

Pendant : Un seul comportement, MANGER ! Elle ne pense qu’à manger à cette étape, le reste lui est indifférent.

Après : Elle commence à bâiller après avoir mangé (est-ce que manger peut rendre les chevaux plus endormis, comme nous ? Cela pourrait être un bon sujet de recherche.). Elle continue de me regarder, probablement pour savoir si elle va avoir plus de nourriture. Un nouveau comportement est qu’elle se lèche les lèvres quelques fois (se lécher les lèvres indique un changement d’état émotionnel).

Je suis heureuse avec son comportement lors des repas, pas d’impatience, pas d’anxiété ou de gros stress, alors je n’ai pas de changement à faire face à cela.

Budget de temps

Budget de temps (sans travail)

Budget de temps (avec travail)

Budget de temps (quand elle dort au box)

La section autre inclue : grattage/interrelation avec les autres chevaux, courir, marcher en groupe, se gratter et se rouler.

Le budget de temps de Sonara est proche de celui des poneys Camargue (lorsqu’elle est au pré 24/7). C’est logique puisque la jument est dehors 24/7, comme les poneys Camargue qui sont gardés sous des conditions semi-sauvages. Sonara se couche normalement au même endroit et dans la même plage horaire tous les matins (vers 10h) et profite d’un bain de soleil. Par la suite, elle passe la plupart de son temps à manger et un peu en position stationnaire (lorsque son estomac est plein) à somnoler avec d’autres chevaux (qui se tiennent normalement en groupe, souvent par paire, tête à fesses pour chasser les mouches). À d’autres moments de la journée, elle peut s’amuser avec les autres en faisant la course, en se gratouillant, en se roulant ou en se grattant sur un arbre. Elle passe aussi du temps à se déplacer en groupe, pour changer de section de pré (il semble que les chevaux aient différentes sections d’alimentation dans le pré. Ils semblent avoir un parcours bien défini. Par exemple : toutes les nuits ils sont sur le plateau du fond, derrière la lisière d’arbres, le matin ils sont dans le petit pré de droite, ils se déplacent ensuite sur le plateau de gauche où il se repose et se couche, etc. Ils respectent généralement ce parcours).

Quand elle doit passer du temps en box, son budget de temps est similaire au groupe “box individuel, paille et foin à volonté ». Il y a de petites différences entre ce groupe et la situation de ma jument : elle n’est pas à l’intérieur 24/7 (elle passe normalement plus de temps dehors qu’à l’intérieur, sauf par temps extrême) et elle n’est pas nourrie à volonté à l’intérieur. Elle a 2kg de foin dans un filet « slow feeder » (trou de 1 pouce) pour la nuit, elle mange normalement sa ration en 1 à 2h. Elle passe plus de temps à manger quand elle est dehors, elle se couche toujours dehors, mais pour de plus courte période, profitant du temps à l’intérieur pour se reposer. Il n’y a pas vraiment de changement dans ses interactions avec les autres chevaux lorsqu’elle dort en box VS lorsqu’elle est dehors 24/7. Même à l’intérieur, elle passe du temps à interagir avec son voisin de box (oreilles couchés, botter la cloison du box, renifler les autres chevaux nez à nez, couiner, etc.).

Je trouve son budget de temps parfait quand elle est dehors 24/7. Ce qui n’est pas toujours possible vu notre situation géographique ; nous avons des froids extrêmes, chaleurs extrêmes, beaucoup d’insectes piqueurs, etc. J’aimerais donc qu’elle puisse passer plus de temps à manger au box. Le problème est que cette jument est une « easy keeper » ; trop facile à garder en surpoids. Comme elle a eu 2 épisodes de fourbure à ce jour, elle doit rester mince et éviter la suralimentation. Il m’est donc impossible de lui donner un accès illimité au foin. Par contre, j’aimerais tester le trempage du foin. Ce qui pourrait permettre de retirer une partie des sucres hydrosolubles et donc réduire l’apport calorique du foin et me permettre de lui en offrir plus.

Le contrôle, cette obsession sournoise

Le contrôle, cette petite chose qui prend tellement de place dans nos vies. Cette chose dont nous sommes incapables de nous passer. Ce contrôle qui nous rend souvent de moins bons êtres humains, de moins beaux êtres humains, dans toutes les sphères de nos vies. Mais cette obsession du contrôle que nous avons est spécialement toxique lorsqu’on travaille avec des animaux. Elle empoisonne bien souvent notre relation avec ces derniers, spécialement chez les chevaux. Elle détériore notre équitation, notre ressenti et altère bien souvent notre jugement dans l’entrainement. L’être humain en est un de contrôle, nous aimons contrôler tout ce qui nous arrive et nous avons bien du mal à nous abandonner, à quelqu’un d’autre ou à certaines situations, en acceptant que l’autre ait aussi du contrôle sur ce qui se passe entre nous. Perdre le contrôle, c’est risquer; risquer sur un animal de plus de 1000 livres; qui peut nous blesser ou même, nous tuer. Alors on comprend quand même le fait qu’on soit si obsessif du contrôle… Mais pourtant… c’est dans le laisser-aller que la magie opère.

Il faut comprendre que l’équitation comporte des risques, des risques bien réels, qui ne sont pas sans conséquence. Chaque année, nous entendons des nouvelles de cavaliers ayant subi des accidents graves, les laissant marqués à vie, ou même sans vie. Il faut connaitre les risques pour bien les accepter et il faut également savoir de quelles façons diminuer ces mêmes risques. Combien de cavaliers cherchent le contrôle absolu par des mors sévères, mais ne portent pas de bombe? Un peu ironique comme comportement. Parce qu’au final, il faut le savoir, nous n’avons jamais réellement le contrôle; mieux vaut prévenir que guérir. Je ne mets jamais assez d’emphase sur le fait que nous ne devrions JAMAIS négliger le port de la bombe. Elle a déjà sauvé la vie (et les fonctions cognitives) de beaucoup de cavalier et je n’arrive toujours pas à comprendre pour quelles raisons on néglige encore son port (a noter que lorsque j’étais jeune je n’en portais pas, mais c’était avant qu’on sache tout ce que l’on sait aujourd’hui).

Ceci étant dit, continuons dans notre sujet principal; le contrôle. Beaucoup de cavaliers cherchent le contrôle par le l’équipement contraignant ou encore sévère : martingale, tie-down, mors à levier, mors à effet de toute sorte, éperon, cravache, enrênement, technique d’entrainement aversive basé sur la dominance et la force, etc. La recherche de contrôle et la peur de le perdre sont ce qui amène beaucoup de cavaliers vers la violence. De la violence psychologique et bien souvent physique. Les chevaux font souvent face à des violences incroyables parce que leurs cavaliers ont peur de perdre le contrôle et sont incapables d’accepter qu’ils travaillent avec du vivant. Travailler avec du vivant, c’est accepter qu’on ne puisse pas entièrement contrôler l’autre et décider de tout. C’est aussi accepter que l’autre ait des besoins et des émotions qui doivent être prises en compte. Mais bien des gens refusent catégoriquement cela et préfèrent travailler dans la violence et la soumission de l’autre… Ce qui mènera a un animal mort à l’intérieur ou qui finira par causer une rébellion de l’animal et donc une perte de contrôle monumentale (et accessoirement, plus de violence ou encore un envoie a l’abattoir).

Comme discuté dans un précédent article (https://hippi-que-et-co.wixsite.com/hippi-que-et-co/post/pas-de-mors-pas-de-freins), le vrai contrôle n’est pas physique, mais bien mental. Lorsqu’on contrôle par la force ou la douleur, il arrivera toujours, à un moment ou à un autre, quelque chose de plus fort que cette douleur et le contrôle sera perdu. Comme nous aurons basé notre relation sur la dominance et la peur, on aura une sacrée perte de contrôle. Le cheval ne nous faisant pas confiance, une fois le contrôle perdu, il sera difficile de le retrouver et de faire comprendre à l’animal que tout va bien. J’ai pour mon dire qu’avec les chevaux, le moins on utilise d’artifices et de gadget, le mieux ça ira. En entrainement, je suis une puriste, si je ne peux pas y arriver avec le minimum de matériel requis (exit les enrênements, mors à effet et autre cochonnerie), c’est que je dois travailler sur mes compétences de cavalières.

La meilleure façon d’avoir le plus de contrôle possible (parce que le contrôle absolu n’existe pas) c’est de construire une relation basée sur la confiance et le lâcher-prise. En effet, laisser du contrôle au cheval sur la relation qu’on entretient avec lui est plus que bénéfique. Il apprendra l’autogestion de ses émotions, ce qui est une façon de rendre nos coopérations 100 fois plus sécuritaires. Il lui sera également plus facile de se détendre. En effet, si nous lui lâchons un peu la bride (sans faire de mauvais jeux de mots douteux), nous relâchons une grande partie de la tension que nous lui infligeons, ce qui, au final, lui permettra de se détendre. Si nous sommes crispés dans sa bouche, a toujours tirer à la moindre accélération, à vouloir gérer le moindre de ses mouvements, nous lui créons énormément de tensions, de stress et de frustration. Nous devons rechercher la détente émotionnelle, la détente mentale, c’est la seule façon d’avoir de la sécurité à cheval. Un animal calme, qui sait gérer ses émotions, qui a appris à examiner l’objet de sa peur plutôt que de la fuir, sera un animal 100 fois plus sécuritaire que celui qu’on tente de contrôler par la force, mais qui est tendu comme une corde d’arc. Ce dernier est toujours prêt à exploser à tout moment. C’est comme un autocuiseur, la pression s’accumule jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus et ça explose… Et pas à peu près!

J’ai moi-même expérimenté les deux, pour bien des gens, lorsque je leur dis que je suis très anxieuse, c’est une surprise, ça ne parait pas. Et si je vous disais que Sonara est également (ou plutôt était, lorsqu’elle était jeune) très anxieuse, réactive et même, explosive. Le tout ne parait pas de l’extérieur, surtout pas aujourd’hui, car nous avons une merveilleuse relation basée sur la confiance mutuelle. Je lui fais confiance à 200%, et je pense qu’elle aussi. Mais cela n’a pas toujours été le cas. J’ai, comme beaucoup de gens, tenté de contrôler Sonara avec mes mains. Même sans mors, et en étant plutôt dans le côté « éthologique » du monde du cheval, on peut faire cette erreur. J’étais crispé dans mes mains, je tentais de toujours la ralentir, je gardais donc une tension quasi constante, ce qui me rendait aussi crispé dans mon assiette. Sonara était donc tout aussi crispé et avait tendance à finir par exploser en attaque de panique. C’était frustrant pour moi (et pour elle) en plus de ne pas aider à se faire confiance et à monter dans le plaisir (plaisir pour elle aussi! Chose dont beaucoup de gens ne tiennent pas compte).

À un moment, j’ai fini par me dire qu’il serait plus logique de me détendre, pour la détendre. De la laisser aller, de lâcher du leste, pour lui permettre d’expérimenter et de se rendre compte, elle-même, que c’était plus amusant dans la détente et qu’on avait plus a se battre l’une contre l’autre. Ça m’a demandé beaucoup d’effort au début, c’est assez contre-intuitif d’avoir un cheval qui chauffe a l’obstacle et de simplement rester passager, sans rien faire et de le laisser aller. Mais ça a fonctionné! Après quelques moments chauds, elle a fini par se détendre d’une façon que je n’avais expérimentée. La laisser trotter de tout son soul, en étant un simple passager, et en intervenant simplement lorsqu’elle changeait d’allure ou si je la sentais beaucoup trop allumée. À ce moment, on retournait simplement au pas, on respirait un bon coup et on recommençait. Mais exit la tension constante, les mains crispées, l’assiette figée et la respiration coupée! Parfois encore, je la sens partir comme une flèche, je dois encore penser, respire un bon coup, détends-toi, zen, douceur, redresse-toi, ancre-toi… Chaque fois, ça fonctionne! Lorsque ce que l’on fait ne donne jamais de résultats, il faut essayer autre chose. C’est ce qui est arrivé, j’ai eu un déclic, tirer ne donnait jamais de résultats, et même, ça devenait pire. Alors, comme le disait si bien Einstein: La folie, c’est de toujours faire la même chose et de s’attendre à un résultat différent.

L’énergie que l’on dégage influence le contrôle beaucoup plus que le mors ou les enrênements que l’on peut utiliser. La seule chose qui nous donnera du contrôle, c’est de lâcher du leste, de faire un vrai travail de fond sur notre relation avec notre cheval, s’il n’écoute pas votre main, c’est peut-être parce qu’elle est trop dure? Inconstante? Que personne ne lui a vraiment expliqué comme il faut? Qu’il ne comprend pas pourquoi on lui demande de stopper alors que la jambe lui dit de continuer. La base, c’est une grande oubliée du monde équin, on veut aller vite et prendre les raccourcis pour arriver à destination, parce que la base c’est plate… Mais si on ne doit pas lésiner sur UNE chose, c’est bien sur la base; une fondation solide est la seule chose qui peut faire tenir une relation saine et sécuritaire. Un animal qui sait gérer ses émotions, qui sait ce qu’on attend de lui, qui a confiance en son cavalier et à qui on donne du pouvoir sur sa propre existence est un animal sécuritaire et un partenaire sans égal. J’ai monté avec et sans mors, j’ai perdu le contrôle de mon cheval avec et sans mors, je n’ai vu aucune différence, que ce soit avec un ou l’autre! Chaque fois, c’est la relation que j’ai bâtie avec chacune de mes juments qui a vraiment fait la différence. J’aimerais finir en vous disant que les gens qui montent sans bride (en cordelette) ont pourtant le contrôle de leur animal, le cheval ou le cavalier n’est pas un surdoué, ils ont simplement travaillé les bases comme ils le devaient, ce qui les a apportés a un niveau de communication supérieur.

Dernièrement, le FEI a annoncé vouloir bannir le sans-mors de la phase de cross country des événements de concours complet. La FEI recule. C’est totalement aberrant qu’après toutes ces années, personne n’ai encore compris. Nombre de cavaliers avec mors perdent le contrôle de leur animal… on ne blâme pas le mors utilisé lorsque ça arrive, mais lorsque ça arrive avec un cavalier qui monte sans mors, on blâme tout de suite le sans-mors pour cela. Trouvez l’erreur… Un jour, peut-être, plus de gens comprendront enfin que le contrôle ne vient pas du physique et que ce dernier n’est qu’une notion qui n’est jamais absolue.

Le mot de la fin : Si vous voulez avoir le contrôle absolu sur tout, laissez tomber les chevaux et achetez vous une moto!